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#Expertise – Billet 7

Titre de l’article : Explorer la relation entre la résilience et l’impact négatif du bégaiement chez les enfants

Auteurs : B. M. Walsh, H. Grobbel, S. L. Christ, S. E. Tichenor, K. L. Gerwin

Date de parution : 12 juillet 2023

Résumé en quelques mots

Les impacts négatifs du bégaiement sont définis comme les pensées, émotions et attitudes négatives que les personnes développent en réaction aux limitations dues à leur bégaiement.

Or, si la conscience et les émotions négatives émergent dans l’enfance, très peu d’études jusqu’à présent portaient sur les facteurs de protection susceptibles d’atténuer l’impact négatif du bégaiement.

La résilience en fait partie et est au cœur de cette étude. Loin du sens essoré de la littérature de gare, la résilience “englobe la capacité à persévérer face à des situations difficiles, ce qui en fait un facteur de protection prometteur à cibler en thérapie”. La résilience fait alors référence à l’invulnérabilité propre de l’enfant, mais également dans une vision écologique, aux forces et soutien de l’environnement. La résilience c’est la récupération, l’adaptation ou le rebond après un facteur de stress.

Or la construction de la résilience est dynamique et malléable, faite d’éléments ordinaires et non le fruit d’une personnalité extraordinaire. La résilience se cultive, s’enrichit par les expériences et les interventions de l’extérieur, plus développementale et épigénétique que composante innée. La résilience comprend alors d’un côté des attributs personnels tels l’estime de soi, les capacités de résolution de problème et de l’autre côté des facteurs externes, environnementaux comme ses propres expériences et le niveau de soutien communautaire.

Le lien résilience et bégaiement est maintenant établi : les personnes qui bégaient avec une plus grande résilience ont une meilleure satisfaction dans la vie et une plus grande acceptation de soi.

Cet article propose alors d’envisager la résilience comme un objectif thérapeutique prometteur pour diminuer l’impact négatif du bégaiement dans le temps.

L’étude porte sur 148 enfants âgés de 5 à 18 ans et leurs parents et confirme la forte corrélation entre la résilience et des niveaux plus faibles d’impact négatif.

Plus spécifiquement, les facteurs de résilience externes tels le soutien parental mais aussi l’accès à la nourriture ont un effet modéré. Les facteurs de résilience personnelle tels que l’auto-efficacité et la résolution de problème ont un effet important.

Pourquoi c’est important

Toujours corrélé à la perspective life-span, ce regard sur l’impact négatif du bégaiement dépasse le bégaie/ne bégaie pas pour s’intéresser à la qualité de vie ou la satisfaction personnelle.

Nourrir la résilience est davantage envisagé comme un facteur de protection non pas de la qualité de la parole mais bien du ressenti du locuteur : dans les études citées, certains groupes de référence bégayaient de la même façon post-traitement mais différaient en termes d’impact et donc de vivre bègue.

Ce que ça change

Ce courant reventile la perception des thérapies classées old school il y a peu : TCC, modèle des capacités et des demandes, accompagnement de la communication familiale… Loin du tout technique pro-fluence, il s’agit ici d’accompagner l’enfant qui bégaie à développer sa capacité à grandir avec le bégaiement sans que celui-ci n’impacte sa trajectoire personnelle.

En outre, l’article impulse une dynamique d’accueil du patient non pas seulement “dans sa globalité”, mais davantage dans son auto-efficacité : sa capacité de prise de décision, sa capacité propre de résolution de problème… Le patient n’est pas un être frêle qui attend passivement une solution externe, mais un être complet et pro-actif.

Concrètement

  • En séance, je favorise les facteurs de résilience externes : écouter mon.a patient.e, travailler en partenariat ensemble dans une relation de collaboration et de confiance, entendre et valider ses émotions, faire preuve de chaleur et d’empathie… J’entends l’alliance thérapeutique comme une source de résilience externe et donc de réussite du traitement.
    J’accompagne les familles dans leurs relations parents-enfant en proposant des stratégies d’enrichissement de la communication avec leur enfant : se concentrer sur le message et non la forme, renforcer l’écoute et les échanges, accompagner le quotidien…

  • Je renforce le soutien comportemental selon la taxonomie de l’intensivité de l’intervention. J’aide les familles à offrir un soutien parental, un amour et une acceptation de leur enfant inconditionnels. Je les accompagne à baisser leur niveau d’exigence et à poser un regard moins normatif, plus accueillant sur leur enfant et ses particularités : il s’agit moins de réussite ou de performance, plus de traits de caractère, d’atouts et de ressources pour rendre l’ enfant “responsable d’être le.a meilleur.e d’iel-même”.

  • J’entraîne la résilience personnelle de mon.a patient.e en le.a sollicitant dans la décision partagée, en validant les choix thérapeutiques et les moyens pour y arriver. Je demande souvent “De quoi as-tu besoin aujourd’hui ?”. J’expose mes propositions thérapeutiques : les buts, les perspectives et j’encourage mon.a patient.e à co-créer les contenus de séance.

Lien vers l’article complet : https://doi.org/10.1044/2023_JSLHR-23-00012

👉 Pour aller plus loin sur cet article, rendez-vous sur begaiement.app (surveillez les parutions de la veille scientifique).

👉 Et pour aller plus loin sur la taxonomie de l’intervention, consultez le module 2 de la formation ChronOrtho “La prise en soin intensive” en cliquant sur ce lien : https://lobster-orthophonie.com/formations-en-ligne/e-learning/chronortho-2-la-prise-en-soin-intensive/

👉 Pour aller plus loin sur le traitement du bégaiement de l’enfant d’âge scolaire, rendez-vous sur lobster-orthophonie.com, onglet formation.

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