Un trouble de la communication
Le bégaiement est un trouble de la communication : on ne bégaie jamais seul. Il démarre en moyenne autour de 3 ans et doit être distingué des troubles de l’articulation ou du langage. Il n’est pas lié à un défaut d’intelligence. Totalement involontaire, il nait des efforts que la personne fait pour parler. Il s’accentue par la façon dont l’interlocuteur réagit (conseils, reproches). Plus je rentre en tension lorsque je bégaie et plus je risque de bégayer de nouveau. Le bégaiement ne ressemble jamais aux accidents de parole du petit enfant qui apprend à parler.
Son origine
Trouble neurodéveloppemental : le cerveau bègue est un cerveau différent. Aucun spécialiste au monde ne peut dire « on bégaie parce que… ». En effet, de multiples facteurs entrent en compte dans la genèse du bégaiement.
L’orthophoniste agit en particulier sur les facteurs dits « pérennisant » pour éviter que le trouble ne devienne chronique.
Le bégaiement : ça part tout seul ?
Trois enfants sur quatre quitteront le bégaiement avant l’adolescence. Mais nous n’avons pas le moyen de prédire quel enfant sur les quatre restera bègue toute sa vie.
Les éléments suivants accroissent le risque de chronicisation du bégaiement :
– Efforts;
– Répétitions supérieures à trois;
– Blocages et prolongations de son;
– Perte du contact visuel;
– Mouvements accompagnateurs;
– Conscience du trouble.
En l’absence de prise en charge, le bégaiement entre progressivement dans un cercle vicieux.
A l’image d’un iceberg, le bégaiement se constitue progressivement d’une partie émergée et d’une partie immergée.
La partie visible comprend ce qui se voit et ce qui s’entend: ce sont les « bégayages » appelés aussi troubles de la fluence.
Cette fluence peut se travailler sur plusieurs dimensions :
– Continuité de la parole, du débit (nombre de syllabes en une minute) et du rythme;
– Absence d’effort (chez le bègue: répétitions de sons, de syllabes, blocages, mouvements accompagnateurs….)
La partie immergée fait référence au vivre bègue: la pression ressentie et tous les efforts fournis en conséquence. On y trouve toutes les stratégies pour ne pas bégayer: les évitements, les sentiments réactionnels. La peur de bégayer se développe avec le temps et les expériences négatives.
Cette analogie de l’iceberg proposée par Joseph SHEEHAN illustre le « cercle vicieux renforçateur du bégaiement ». Le bégaiement entraîne d’abord la perte de la spontanéité et du naturel. Puis une lutte et une volonté de bien parler s’installe, qui gêne en retour le fonctionnement automatique de la parole. A force d’efforts, certaines personnes arrivent à dissimuler leur trouble. On parle alors de bégaiement masqué. Mais parler sans bégayer devient alors plus important que se dire.
Tous concernés
Statistiquement, le bégaiement touche 1% de la population mondiale. Cela représente plus de 600 000 personnes en France, dont 50 000 sévèrement. Il existe aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte et la prédominance masculine est forte (quatre hommes pour une femme).
Son degré de sévérité n’est pas tant lié à l’importance du bégayage. Il se mesure plutôt par l’impact qu’il a sur la personne bègue.
Le bégaiement est par nature fluctuant. Et c’est un trouble qui peut mettre en situation de handicap plus ou moins grave selon les personnes.
Vous êtes concerné.e par le bégaiement pour vous-même ou pour un proche ?
Pour aller (beaucoup) plus loin, comprendre et savoir agir sur le bégaiement, vous pouvez voir et revoir la vidéo webinaire “Le Bégaiement” ici :